Voilà un exercice qui ne me plait guère : rendre hommage à une personne que l’on a connu, aimé et admiré.
Miss. Tic, de son vrai nom Radhia Novat, nous a quitté ce dimanche 22 mai 2022, après un long combat contre la maladie.
Je n’oublierai jamais le jour où j’ai rencontré pour la première fois cette si frêle femme dégageant pourtant une puissance, une telle joie de vivre et une assurance qui forcent le respect. Miss. Tic était une de ces femmes qui savent tout de suite vous mettre à l’aise avec son sourire ravageur et sa bonne humeur, elle ne nous écrasait pas de son expérience pourtant si riche, et nous faisait penser en quelques instants que nous étions son ami de longue date.
Elle, qui en a vu passer des gens et a vécu des événements tragiques comme la disparition prématurée à l’âge de 10 ans de sa mère, son frère et sa grand-mère lors d’un accident de la route qui lui coûta également l’usage de sa main droite, la forçant à devenir gauchère ; puis de son père d’une crise cardiaque faisant d’elle une orpheline à tout juste 16 ans ; des coups durs comme lorsqu’elle se fit prendre en flagrant délit de création sauvage d’œuvre d’art dans l’espace public considéré par la loi comme la destruction, dégradation ou détérioration d’un bien appartenant à autrui qui la vue condamnée à une forte amende en 2000 ; mais pas du genre à s’apitoyer sur son sort, ce qui se dégage d’elle ce sont ces moments de joie, de bonheur simple et d’échanges créatifs qu’elle vivait à 200%.
Cette pionnière française de l’Art Urbain / Street Art / Graffiti / Pochoir (peu importe l’appellation que vous souhaitez lui donner) s’est formée aux arts appliqués en Californie au début des années 80 et à son retour à Paris, elle rencontre les Frères Ripoulin et Vive la Peinture avec qui elle apprendra la création dans la rue. Elle s’essaie alors au pochoir et à la bombe aérosol et prend le nom de Miss. Tic en référence à la sorcière Miss Tick de la bande à Picsou.
Elle apporta alors plus que de la couleur ou des dessins dans la ville mais aussi de la poésie. Miss. Tic était certes une excellente pochoiriste mais c’était surtout la professionnelle des phrases punchlines, de l’onirisme urbain et des bons mots. Mots qu’elle mis au service de la femme dont elle défendait la liberté de vivre comme elle l’entend, indépendante, forte et sexy… avec ses autoportraits.
Ainsi, nous retenons ces quelques œuvres :
Cette brunette pimpante aussi charmeuse que dangereuse nous manquera sans aucun doute. Et aujourd’hui, c’est sa famille, le microcosme du Street Art, mais également Paris qui sont en deuil. Tous les nostalgiques pourront arpenter les rues de la capitale et partir à la chasse aux graffiti, notamment à Montmartre ou la Butte aux Cailles, ses quartiers fétiches.
Vous pouvez également lui rendre un dernier hommage le 1er juin au crématorium du cimetière du Père Lachaise pour ses funérailles qui seront publics selon son souhait.